Dans le cadre de son projet « Renforcement de l’aide juridique aux dessinateurs de presse à l’ère numérique » (2022-2024), Cartooning for Peace s’associe au projet « Tough Laugh ». Un projet sur les dessinateurs de presse et les dangers qu’ils courent pour nous faire rire – et réfléchir.
Février 2016
Cartooning for Peace suit de près les différentes alertes et pressions subies par le dessinateur équatorien Bonil ces dernières années. La saga entre Bonil, le dessinateur d’un des plus grands titres de presse équatoriens, El Universo, et le président Rafael Correa connait de fréquents rebondissements.
En février 2013, le président équatorien Rafael Correa est élu pour un troisième mandat. Il promulgue alors une nouvelle loi sur la Communication, par le biais de la Surintendance de la communication et de l’information (SuperCom), organe qui « veille » au bon fonctionnement des médias. Selon Human Rights Watch, cette nouvelle loi a pour but de réguler les médias et pose de sérieuses limites à la liberté d’expression. Les procureurs font notamment appel, régulièrement et de manière excessive, à la lutte contre le terrorisme et le sabotage pour contrer les critiques contre le gouvernement.
En 2014, Bonil est sommé de rectifier un dessin jugé diffamant, publié au mois de décembre dans El Universo. Le dessin en question dénonce une perquisition abusive chez un représentant de l’opposition. En savoir plus ce sujet : Caricature censurée : une rectification pleine d’humour (Reporters Sans Frontières, le 3 février 2014)
En 2015, Bonil est appelé à se justifier devant la SuperCom pour une caricature tournant en dérision un ancien footballeur, élu du parti en pouvoir, « piètre orateur et politique improvisé« . Lire : Le Caricaturiste Bonil, bête noire du Président de l’Equateur, face à un nouveau procès (Le Monde, 10 février 2015)
Le 28 décembre 2015, Bonil publie un dessin sur une future loi permettant aux citoyens de choisir leur genre sur leur carte d’identité nationale. Une Fédération équatorienne LGBT, proche du président Correa, porte plainte auprès de la Supercom, contre ce dessin jugé « sexiste, discriminatoire et incitant à la transphobie ». A noter que d’autres mouvements et associations LGBT soutiennent Bonil et ne jugent ce dessin en aucun cas discriminatoire. Selon les suites données à cette plainte, le journal El Universo pourra être amené à payer une lourde amende, comme ce fut le cas pour les précédentes affaires.
Le 30 janvier 2016, dans une émission de télévision nationale, Rafael Correa dénonce publiquement une nouvelle caricature de Bonil dans une vidéo intitulée « La Cantiflada de la semana » (« Le baragouin de la semaine »).
Lire « The president of Equator wages another war of words against cartoonist Bonil » (Journalism in the America, 2 février 2016)