le 5 juillet 2021
La maison du dessinateur Amin Landak perquisitionnée et le dessinateur interrogé par la police pour un film sur les violences policières
Le 2 juillet, le dessinateur malaisien Amin Landak ainsi que Anna Har, réalisatrice et fondatrice de Freedom Film Network (FFN), ont été interrogés au quartier général de Bukit Aman durant deux heures par la police suite à la publication, le 12 juin, du film « Chili Powder & Thinner » relatif aux violences policières. Pendant ce temps une autre équipe de la police perquisitionnait la maison du dessinateur et les bureaux du FFN.
Selon leurs avocats, le dessinateur et la réalisatrice feraient l’objet d’une enquête en vertu de la section 500 du Code pénal relative à la diffamation, la section 505(b) punissant les déclarations susceptibles d’inquiéter et de troubler l’ordre public, et la section 233 article 1(a) relative aux communications et télécommunications pour usage inapproprié des ressources du réseau. Landak et Har sont ressortis libres de cet interrogatoire, mais selon leurs avocats, trois ordinateurs, un modem, un routeur ainsi que l’ordinateur personnel de Landak auraient été saisis pendant les perquisitions.
L’enquête de la police fait suite à l’interrogatoire de Hakimie Amrie Hisamudin, journaliste pour Free Malaysia Today le 17 juin au sujet d’un article relatif au film. Selon des articles, le film relate l’histoire vraie d’un garçon âgé de 16 ans qui témoigne avoir été torturé lors d’une garde à vue avec deux de ses amis. Le film tient son nom d’une méthode de torture consistant à appliquer de la poudre de piment et du diluant pour peinture sur la peau de la victime. Matthew Bugher, le chef du programme Asie d’Article 19, a déclaré : « Les représailles de la police à l’encontre des personnes qui expriment leurs préoccupations concernant la torture et les décès en détention constituent un avertissement clair et effrayant pour le public. »
Des organisations de défense des droits de l’Homme se sont mobilisées pour dénoncer les perquisitions menées à l’encontre des deux protagonistes. Le Centre pour un Journalisme Indépendant (CIJ) et le FFN ont condamné les actions entreprises par la police dans un appel cosigné avec d’autres organisations. Ils assimilent ces actes à de l’intimidation et du harcèlement à l’encontre de Landak et Har.
Après Zunar et Fahmi Reza plus tôt cette année, Cartooning for Peace s’inquiète de voir qu’une nouvelle fois la liberté d’expression est mise à mal en Malaisie et sera attentive au déroulement de l’affaire.