Cartooning for Peace / Alerte Hongrie – Gábor Pápai

Alerte Hongrie – Gábor Pápai

Alerte en cours

TOUGH LAUGH x TOUGH LAW

Dans le cadre de son projet « Renforcement de l’aide juridique aux dessinateurs de presse à l’ère numérique » (2022-2024), Cartooning for Peace s’associe au projet « Tough Laugh ». Un projet sur les dessinateurs de presse et les dangers qu’ils courent pour nous faire rire – et réfléchir.

 

Podcaster le premier épisode – en anglais – qui revient sur les expériences d’Emad Hajjaj (Jordanie), de Gábor Pápai (Hongrie) et de Rachita Taneja (Inde) avec la loi :

 


Mise à jour du 1er août 2022

Voyant son appel rejeté par la Cour Suprême de Hongrie, le journal Népszava saisit la Cour européenne des Droits de l’Homme.

En rejetant l’appel du journal Népszava, la Cour Suprême de Hongrie (Kúria) a finalement rendu un verdict sans précédent dans l’affaire relative à la publication du dessin « La chronique » de Gábor Pápai par le journal. Disant se référer à la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), la Cour a ainsi confirmé que la caricature violait « le droit du requérant à la protection de sa dignité humaine dans le contexte de son appartenance à une communauté religieuse chrétienne ».

Un verdict qui a surpris plus d’un observateur. La Cour considère que la caricature en objet ne peut prétendre à la protection absolue du droit à la liberté d’expression du fait des diverses interprétations qu’elle induit. N’étant pas suffisamment intelligible pour le public, elle ne contribue pas, en principe, au débat public. En conséquence, le recours à l’utilisation du symbole religieux de la croix a été jugé « intéressé » et « arbitraire » et la caricature « offensante » et « susceptible de porter atteinte à la dignité de la communauté religieuse chrétienne et, à travers elle, à la dignité humaine du plaignant appartenant à cette communauté ».

Dans un entretien à Media1, le dessinateur a annoncé que le journal allait faire appel auprès de la CEDH, face à l’absurdité du verdict : « (il est) fondamentalement étrange qu’une personne appartenant à un groupe se sente offensée par une caricature. En effet, lorsque la personnalité juridique a été étendue aux communautés afin que les personnes offensées ne soient pas les seules à pouvoir saisir la justice, cela a été fait pour protéger les groupes vulnérables, mais aujourd’hui, un membre d’un groupe puissant demande à être protégé contre une caricature qui a pris pour défense la position des groupes vulnérables ».

Une décision de la Cour Suprême inquiétante pour l’avenir du dessin de presse dans le pays qui n’est pas sans rappeler la volonté de « défense d’une Europe chrétienne » affichée par le Premier Ministre depuis 2010. En Mai 2022, c’est un autre dessin publié par le même journal qui faisait l’objet d’une controverse.

Cartooning for Peace continuera d’apporter son soutien au dessinateur et à son journal dans leurs démarches.

 


Mise à jour du 06 juillet 2021

Le journal Népszava saisit la Cour Suprême (Kúria)

Ce 2 juillet, le journal Népszava a annoncé saisir la plus haute autorité du pays (Kúria) suite à la décision de la Cour Métropolitaine de Budapest de condamner la publication du dessin « La chronique » du dessinateur Gábor Pápai en seconde instance.

Une annonce qui intervient le même jour que la publication par Reporters Sans Frontières (RSF) de son édition 2021 de « la galerie des prédateurs de la liberté de la presse » dans laquelle apparait pour la première fois un chef de gouvernement européen, le président Hongrois Viktor Orbán.

L’alerte a été relayée sur la plateforme du Conseil de l’Europe pour la protection et la sûreté des journalistes.

 


Mise à jour du 28 juin 2021

Un an de hauts et de bas pour Népszava et Gábor Pápai en Hongrie

Après avoir rejeté la plainte déposée par le député du Parti Populaire Démocrate-Chrétien (KDNP) et président de la commission parlementaire Justice, Imre Vejkey en première instance en janvier 2021, la Cour métropolitaine de Budapest a finalement condamné Népszava pour la publication du dessin « Chronique » le 28 avril 2020. Cette décision porte un coup supplémentaire à la liberté d’expression et pose une sérieuse limite pour le futur de la publication de caricatures selon le portail d’information Media 1, alors que les attaques à l’encontre du dessin de presse et de ses défenseurs se sont multipliées en Hongrie.

La cour avait initialement rejeté la plainte du député, arguant que le dessin « ne visait pas la religion chrétienne, elle ne ridiculisait pas la communauté chrétienne et n’empêchait pas les chrétiens de pratiquer librement leur religion… elle ne justifie pas de restreindre la liberté d’expression et de la presse ». Un verdict dénoncé par le plaignant ainsi que par András Veres, président de la conférence des évêques catholiques hongrois, également signataire d’une déclaration conjointe des dirigeants des communautés religieuses « protestant contre l’humiliation et la ridiculisation des symboles religieux, des sacrements et des lieux saints » publiée à la suite du verdict de la Cour.

Dans un verdict rendu en seconde instance le 3 juin 2021, la cour a finalement estimé, en vertu de l’article IX. (5) de la Loi fondamentale de Hongrie, que la caricature et son titre portaient atteinte au droit du requérant à la dignité humaine en lien avec son appartenance à la communauté chrétienne et condamné le journal à verser 400 000 HUF (1 140 EUR) à Imre Vejkey, ainsi qu’à rembourser les frais de justice et à publier un message d’excuse à la place du dessin en Une. Le message d’excuse calligraphié par Gábor Pápai a été publié à la place du dessin de presse quotidien le 25 juin 2021. Le journal, contacté par le site Telex, a répondu vouloir s’exprimer publiquement dans les jours à venir.

 

Le contenu de l’excuse calligraphiée : « Le Conseil de jugement métropolitain 1.Pf.20.273 / 2021/4. Conformément au jugement définitif, nous publions ce qui suit : A XXI. century Media Ltd. en tant qu’éditeur du quotidien Népszava a violé les droits à la vie privée du plaignant pour la dignité humaine dans le contexte de l’appartenance du requérant à une communauté religieuse chrétienne en publiant une caricature intitulée « Chronic » dans son numéro du 28 avril 2020. L’éditeur exprime ses regrets pour la violation personnelle causée. »

Le plaignant avait déclaré se sentir comme un citoyen de seconde classe en tant que chrétien à la vue du dessin de Gábor Pápai. Ce dernier expliquait pour sa part en 2020 « …que puisqu’aucun employé de la presse gouvernementale (un oxymore !) n’a pu se retenir de me lyncher, je vous dois une explication (…). Le dessin montre Cecília Müller, une personnalité publique, et un crucifix (il ne s’agit donc pas de Jésus vivant, mais d’une effigie de lui). Le dessin a UN interlocuteur, le médecin-chef, qui, comme pour tous les décès [liés au coronavirus] survenus à ce jour, attribue la mort de Jésus à une maladie sous-jacente (…) Le dessin ne dit donc rien sur Jésus (et il ne dit ni ne fait rien) qui puisse être embarrassant, humiliant pour lui ou ses disciples et qui puisse être considéré comme blasphématoire. Le dessin ne fait que critiquer Cecília Müller ». Le dessinateur rappelait dans un long entretien au journal Szemlélek van keresnivalód en avril 2021 qu’aucun de ses accusateurs n’avait d’ailleurs demandé ce qu’il voulait dire avec ce dessin.

Cette décision s’inscrit dans un environnement toujours plus hostile au dessin de presse et à la liberté de la presse en général. Le 5 novembre 2020, Janos Stummer (Jobbik), Président du comité de sécurité national du Parlement annonçait vouloir déposer une proposition de loi visant à interdire les caricatures susceptibles d’inciter à la haine religieuse, afin de ne pas devenir la cible d’attaques terroristes similaires à celle survenue à Vienne du 2 novembre 2020. Il n’a à ce jour pas donné suite.

Le 17 novembre 2020, le syndicat des journalistes hongrois (MUOSZ) a récompensé Gábor Pápai du prix « Kétfilléres Award » de 2020, pour le dessin « Chronique ». Une récompense qui a valu au syndicat, au dessinateur et à son journal d’affronter une vague de réactions indignées de la part de leurs détracteurs.

Il y a un an déjà, Cartooning for Peace et ses partenaires, Reporters Sans Frontières et la Fédération Européenne des journalistes avaient alerté sur la situation de Gábor Pápai. La Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes du Conseil de l’Europe avait également signalé les menaces pesant sur Gabor Pápai et son journal. Le ministère des affaires étrangères hongrois avait répondu et nié toute atteinte à la liberté de la presse. Force est de constater qu’un an plus tard, la pression à l’encontre de la presse et plus particulièrement du dessin de presse ne faiblit pas. Cartooning for Peace en appelle aux autorités du pays pour qu’elles assurent le maintien d’un environnement favorable aux droits fondamentaux de libre expression journalistique et artistique.

 


Mise à jour – 11 juin 2020

Un nouveau dessin et de nouvelles attaques à l’encontre du dessinateur Gábor Pápai

Cartooning for Peace condamne cette nouvelle attaque politique à l’encontre du dessinateur et de son journal, la deuxième en deux mois comme le rappelle Reporters Sans Frontières, et demande l’arrêt des pression à l’encontre du dessinateur.

Après avoir fait l’objet de menaces de procédure judiciaire en mai 2020, le dessinateur hongrois Gábor Pápai et son journal font à nouveau l’objet d’attaques de la part d’un représentant du Parlement Hongrois.

Commentant le dessin sur sa page Facebook, le Dr. Péter Hoppál, parlementaire du parti Fidesz menace le journal Népszava de « disparition » dans une formule faisant référence au quotidien Népszabadság, fermé soudainement en 2016 à la suite de pressions politiques : « Népszabadság blaguait et a disparu, maintenant voilà Népszava ». Il ajoute dans son commentaire qu’après avoir porté atteinte à la Christianité, le dessinateur porte atteinte à la Nation. D’autres articles de médias en ligne proche du gouvernement ont condamné ce dessin.

Le dessin, « Cent ans de solitude (d’après Marquez) », publié le 4 juin fait référence au centenaire du Traité du Trianon, signé entre la Hongrie et les vainqueurs de la Première Guerre Mondiale le 4 juin 1920. Le traité dépossède la Hongrie de deux tiers de sa superficie et des populations y vivant. Les conséquences de ce traité restent un traumatisme pour une part de la population hongroise et alimentent l’idéologie politique révisionniste et nationaliste dans le pays, du gouvernement de Miklós Horthy (1920-1945) à aujourd’hui.

Le dessin « Cent ans de solitude (d’après Marquez) » montre 4 personnages surplombant un trou entouré de formes colorées. Le trou représente le territoire de la Hongrie après la signature du traité alors que les formes colorées représentent les parts du territoire cédées aux puissances vainqueurs de la Première Guerre Mondiale. Le personnage de gauche dit : « Tu ne veux pas monter ? », celui au fond du trou répond : « Non, non, jamais ! » (« Non, non, jamais ! » est un slogan révisionniste de l’époque de Horthy). (à voir dans la galerie ci-dessous)

Lire la réponse du ministère des Affaires étrangères hongrois concernant les menaces reçues par Gábor Pápai, publiée sur la plateforme pour la protection et la sécurité des journalistes du Conseil de l’Europe.

 


Communiqué de presse

7 mai 2020

Cartooning for Peace soutient le dessinateur hongrois Gábor Pápai ainsi que le journal Népszava qui risquent d’être poursuivis en justice pour une caricature.

Suite à la publication d’une caricature dans le quotidien d’opposition Népszava le 28 avril 2020, le dessinateur hongrois Gábor Pápai et son journal risquent une action en justice de la part du Parti Populaire Démocrate-Chrétien (KDNP), parti au pouvoir, qui juge le dessin “blasphématoire”.

Des représentants du Parti Populaire Démocrate-Chrétien (KDNP) ont fait savoir, par l’intermédiaire d’une déclaration, qu’ils condamnaient la publication de la caricature de Gábor Pápai par le quotidien Népszava dans son édition de mardi 28 avril. Le député Imre Vejkey a annoncé que son parti avait l’intention de lancer une procédure de justice contre le journal Népszava en faisant appel à la loi Fondamentale et au Code civil. Tristan Azbej, Secrétaire d’Etat en charge des communautés chrétiennes persécutées, a fait circuler une pétition alors que le dessinateur est la cible d’insultes et d’une menace de procédure en justice de la part, entre autres, de László Toroczkai, membre du parti d’extrême droite Mi Hazánk.

Intitulée “Chronique”, la caricature de Gábor Pápai représente Cecília Müller (médecin en chef au NNK, Centre National de Santé Publique et membre du “groupe de travail Coronavirus” du Gouvernement) lors d’une conférence de presse durant laquelle elle fait face à Jésus crucifié sur sa croix et prononce sèchement : “…Sa condition sous-jacente a provoqué une dépendance”.

La déclaration fait référence à de précédents propos de Cecília Müller qui aurait affirmé à plusieurs reprises que les patients décédés du covid-19 étaient “prédisposés” à mourir en raison de pathologies pré-existantes. Au coeur des polémiques depuis le début de la crise du covid-19, Cecília Müller s’exprime régulièrement lors de conférences de presse pour dresser le bilan de l’évolution du virus. Elle est notamment accusée par l’opposition d’avoir caché certaines informations essentielles à la limitation de sa propagation.

Le dessinateur a contacté Cartooning for Peace pour leur faire part des menaces dont il est la cible depuis la publication de son dessin. Il indique également qu’une station radio a appelé ses auditeurs à envoyer son adresse s’ils la connaissent. Rappelons que la situation de la presse et des médias en Hongrie s’est aggravée depuis l’arrivée au pouvoir de son Premier ministre Viktor Orbán.

La Hongrie se situe à la 89ème place au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de Reporters Sans Frontières (RSF), en recul de 2 places par rapport à 2019.

Cartooning for Peace condamne avec fermeté cette tentative d’intimidation contraire à la liberté d’expression et de la presse telle qu’elle est défendue dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Cette poursuite en justice ne fera qu’entraver une fois de plus le travail des journalistes hongrois. Les condamnations pour blasphème ne peuvent en aucun cas devenir des prétextes employés par les partis politiques pour censurer la presse.

Cartooning for Peace demande ainsi le renoncement à toute procédure judiciaire à l’encontre de Gábor Pápai ou du journal Népszava et suivra le dossier de près. Ce dessin intitulé “Persécution chrétienne” exprime la vision du dessinateur sur les condamnations dont il est la cible.

  • La Fédération Européenne des Journalistes a également publié une alerte sur la Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes du Conseil de l’Europe : en savoir plus.
  • Reporters sans Frontières a également communiqué sur la situation de Gábor Pápai : à lire ici
  • Télécharger le communiqué de presse2020-05-07-CP Gabor Papai (Hongrie)
Partagez sur :

En images

  • Cent ans de solitude (d’après Marquez)
    Alerte Hongrie – Gábor Pápai - Cent ans de solitude (d’après Marquez)
  • Dessin Gabor Papai
    Alerte Hongrie – Gábor Pápai - Dessin Gabor Papai
  • « So what? Even this cartoon is published, isn’t it? »
    Alerte Hongrie – Gábor Pápai - « So what? Even this cartoon is published, isn’t it? »
  • Cent ans de solitude (d’après Marquez)
  • Dessin Gabor Papai
  • « So what? Even this cartoon is published, isn’t it? »