Cartooning for Peace / Alerte Croatie – Nik Titanik

Alerte Croatie – Nik Titanik

Alerte en cours

26 avril 2024

La ministre de la Culture et des Médias croate, Nina Obuljen Koržinek, a exprimé sa préoccupation concernant la plainte pénale à l’encontre du dessinateur croate Nik Titanik

 

La Représentation permanente de la Croatie auprès du Conseil de l’Europe a transmis une déclaration (pdf en anglais) à la Plateforme pour la sécurité des journalistes dans laquelle la ministre croate de la Culture et des Médias exprime « sa préoccupation concernant le dépôt d’une plainte par Krešimir Antolić, ancien chef du GNK « Dinamo », contre le dessinateur Nikola Plečko, plus connu sous le nom de Nik Titanik. »

La ministre a précisé que la criminalisation de ce dessin constituerait une attaque contre la liberté d’expression, en rappelant par la même occasion que « dans une société démocratique, la liberté d’expression et surtout la liberté artistique qui inclut la satire, sont les valeurs qui contribuent à la société et à la communauté ».

 

Le procès du dessinateur, déjà reportée à deux reprises, devrait se tenir le 13 mai 2024.

 

Cartooning for Peace salue les propos de la ministre de la Culture et des Médias et continuera de suivre de près l’évolution de cette procédure judiciaire.

 


 

14 décembre 2023

 

La première audience du procès du dessinateur Nik Titanik a eu lieu ce 13 décembre 2023 à la cour Criminelle Municipale de Zagreb.

 

En l’absence des deux témoins de l’accusation, indisponibles pour raisons professionnelles et maladie, et dont l’audition est reportée au 1er février 2024 (l’audition a été reportée à une date ultérieure qui n’est pas encore confirmée), le tribunal a entendu le plaignant, Krešimir Antolić.

Selon le rapport de 24sata (article en croate), le plaignant a détaillé les conséquences psychologiques et physiques que les caricatures ont eues sur lui et des membres de sa famille.

Plus particulièrement, le litige concerne les trois dessins et les termes « policier » (pandur) et « balance » (druker) associés dans un des dessin (druker pandur équivalant à policier ripoux).

Présent lors de l’audience, le dessinateur a affirmé ne pas se considérer coupable des faits qui lui sont reprochés.

 

Espérant l’acquittement prochain du dessinateur, Cartooning for Peace se tiendra informé de la suite de la procédure judiciaire.

 


 

7 novembre 2023

 

Le dessinateur croate Nik Titanik poursuivi pour des dessins de presse

Le dessinateur croate Nik Titanik, qui officie entre autres pour le journal 24sata fait l’objet d’une poursuite pénale privée, suite à une plainte de Krešimir Antolić, ancien dirigeant du club de football GNK Dinamo (Aussi connu sous le nom de Dynamo Zagreb).

 

La plainte pour diffamation déposée plus tôt cette année concerne les trois caricatures ci-dessous, publiées dans le supplément sportif du journal 24sata en mars 2020. Faisant état de la douleur émotionnelle provoquée par les dessins, Krešimir Antolić a également poursuivi le journal plus tôt cette année et gagné en première instance. Le journal a fait appel de la décision.

En cas de condamnation, le dessinateur serait contraint à payer une amende équivalant à 38 jours de rémunération. En cas de refus, il encourrait une peine de prison. La première audience est prévue le 7 novembre 2023 à 12 heures au Tribunal pénal municipal d’Ilica 207, Zagreb.

 

Représentation de Krešimir Antolić portant un badge avec la mention « druker » (renégat ou traître) au téléphone avec Zdravko Mamić (Directeur exécutif du club de 2013 à 2016, impliqué dans plusieurs scandales) et de Zoran Mamić (ancien joueur et entraîneur du club).

A gauche : « Oui, papa, je vais faire ça ! Sur commande! Comment ça se passe au trou ? Quarantaine? Je t’embrasse les fesses, passe une bonne journée ! »

A droite : « Bon garçon »

Légende : « Un regard au microscope révèle la véritable cause de la mauvaise situation au sein du Dynamo »

Sur les virus : « Maman (faisant référence au président du club Mirko Barišić), secrétaire, vue sur Medjugorje (faisant référence au départ de Zdravko Mamić en Bosnie Herzégovine après son procès), Dalton (faisant référence au frère de Zdravko Mamić, Zoran), policier ripoux, lèche-botte, journaliste vendu » (Copyright Nik Titanik)

 

« Zdravko Mamić est le conseiller du club, mais cette décision a été prise de manière indépendante par la direction du club. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je dois aller faire des fouilles rectales pour trouver de nouveaux conseils. »

Sur le badge : « Traître »

(Copyright Nik Titanik)

 

Le juge Mario Klarić, en charge du procès à l’encontre du journal 24sata a affirmé que « les caricatures violaient les droits de la personnalité du plaignant de manière grossière, expliquant que le texte « dépeint et décrit le plaignant de manière extrêmement inappropriée, offensante et vulgaire, principalement en utilisant une série d’expressions extrêmement insultantes et humiliantes utilisées de manière ironique et désobligeante, pour décrire la fonction qu’il occupe en tant que membre du conseil d’administration du GNK Dinamo » ». Pour sa part, l’avocate Vanja Jurić, l’avocate du dessinateur a souligné que la criminalisation des caricatures et de la satire manifeste un manque de compréhension des fondements de la liberté d’expression et des normes qui devraient constituer la base de toute société évoluée.

 

Dans un communiqué de presse envoyé aux médias croates le 3 novembre 2023, le dessinateur affirme « qu’il s’agit d’un cas sans précédent dans toute l’histoire de l’État croate où une plainte pénale privée a été déposée à cause d’une caricature. Dans l’éventualité d’un verdict final me déclarant coupable, cette affaire pourrait servir de précédent juridique pour tous les futurs cas où les œuvres de personnalités publiques sont critiquées, ce qui mettrait gravement en danger les libertés médiatiques et démocratiques en Croatie et limiterait le travail libre de tous les caricaturistes, humoristes, satiristes, comédiens de stand-up, artistes de photomontage et autres artistes similaires, mais aussi tous les journalistes qui écrivent de manière critique sur des personnalités publiques et des sujets d’intérêt public. »

 

Selon Total Croatia, l’association des journalistes croates (HND) et des collègues de Nik Titanik ont apporté leur soutien au dessinateur. Pour sa part, la présidente de la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ), Maja Sever, a rappelé la récurrence des procédures bâillons en Croatie, qui fait écho à un constat exprimé par Reporters Sans Frontières (RSF) : « l’appareil d’État échoue dans la protection des journalistes contre les procédures-bâillons ou le fléau du crime organisé ».

 

Rappelant que la liberté d’expression est un droit fondamental protégé par la Loi, Cartooning for Peace condamne ce qui ressemble à de l’acharnement  et demande à ce que les poursuites à l’encontre du dessinateur soient abandonnées. Dans un rapport publié le même jour que l’audience du dessinateur, Cartooning for Peace et Cartoonists Rights alertent sur la criminalisation toujours plus importante et injustifiée de dessinateurs de presse.

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