Cartooning for Peace / Alerte Bolivie – Abecor

Alerte Bolivie – Abecor

Alerte terminée

5 juin 2023

Le dessinateur Abecor, lauréat 2023 du Prix « Robert Russell Courage in Cartooning » de l’organisation Cartoonists Rights.

Le dessinateur bolivien, Abel Bellido Córdova s’est vu remettre le Prix « Robert Russell Courage in Cartooning » de l’organisation Cartoonists Rights ce 23 mai 2023. Remis en alternance avec le prix « Kofi Annan Courage in Cartooning » de la « Freedom Cartoonists Fondation », il salue le courage de ces dessinateurs et dessinatrices dont le travail les expose à la répression.

Cartooning for Peace félicite le dessinateur bolivien pour l’obtention méritée de ce prix. En remettant ce prix à Abecor, Cartoonists Rights salue le courage du dessinateur, fréquemment sujet à des menaces de mort, mais aussi de son journal, et alerte sur l’importance toujours grandissante de la désinformation et de la violence en ligne (voir ci-dessous).

Une violence qui a déjà porté son lot de drames et qu’il faut continuer à combattre pour qu’Abecor, comme d’autres, puisse « garder le crayon bien aiguisé, continuer à dessiner à propos des événements de l’époque. »

 


22 octobre 2021

Abecor de nouveau menacé de mort

Le dessinateur bolivien fait à nouveau l’objet de menaces de mort anonymes suite à la publication d’un dessin mettant en scène le procureur Wilfredo Chávez publié dans le quotidien Pagina Siete et sur les réseaux sociaux. Il avait déjà reçu des menaces pour un dessin d’août 2021 mettant en scène le procureur de la République.

Le dessin publié le 18 octobre 2021 fait référence au recomptage des voix de l’élection présidentielle de 2019 réalisé la semaine dernière par le bureau du procureur général de Bolivie.

Le procureur y est représenté en train de sortir un lapin d’un chapeau affichant un message « pas de fraude ».

Pour ce dessin, le dessinateur a reçu de nombreuses menaces de mort qu’il a dénoncées via son compte Twitter, certaines émanant du compte Facund0c25, le même compte qui le menaçait déjà pour le dessin ci-dessous en août 2021.

 

Octobre 2021 : « Ton cercueil est déjà prêt Abecor, même sans moustaches tu ne pourras pas te camoufler ».

Août 2021 : « L’OEA (L’organisation des Etats Américains, remettant en doute le résultat du scrutin) n’a pas fait de rapport »

Août 2021 : « Tu es fou de la couleur bleue Abecor (couleur du parti politique représenté). Consacre-toi à autre chose ou on t’offrira des fleurs bleues à ta mort »

 

De nombreux médias et organisations ont apporté leur soutien au dessinateur, au rang desquels L’Observatoire de l’UNITAS sur les défenseurs des droits humains, l’Association Nationale des Journalistes de Bolivie (ANPB) et l’Association des journalistes de La Paz (APLP), qui ont dénoncé ces menaces, nuisant « à la libre expression de l’information ». Au même titre que le journal Pagina Siete, la Mission en Bolivie du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme considère que ces menaces « exigent des réponses claires qui protègent le travail des journalistes et favorisent des médias libres, indépendants et pluralistes ».

En avril 2020 déjà, CFP avait rapporté l’intimidation dont Abecor faisait l’objet à la suite de la publication de l’un de ses dessins dénonçant des opérations anti-drogue dans le centre du pays. Son recours auprès du gouvernement, ainsi que sa demande de protection, étaient restés sans suite. Le communiqué soulignait également d’autres cas, comme celui du dessinateur Al-Azar. Selon l’index de Reporters sans Frontières, le pays se classe désormais à la 110ème place sur 180 en termes de liberté de la presse.

Inquiète de la récurrence de cas de censure ou d’intimidation à l’encontre de dessinateurs de presse dans le pays, Cartooning for Peace apporte également son soutien au dessinateur et se fait l’écho de l’appel au renforcement de la protection du travail journalistique dans le pays.

 


 

Communiqué de presse – Paris, le 20 mai 2020

Bolivie : menaces sur la liberté d’expression

Le 7 mai dernier, la présidente bolivienne autoproclamée, Jeanine Áñez, a signé le décret suprême 4231 qui permet à l’État de poursuivre pénalement toute personne qui partage des informations susceptibles de créer de l’incertitude au sein de la population ou de mettre en danger la santé publique. Comme l’indique le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), ce décret modifie celui du 25 mars qui criminalisait le fait de défier le confinement ou de répandre des informations erronées sur le coronavirus. Les dessinateurs de presse s’inquiètent de cette décision qui ouvre la porte à la censure. Ils craignent la possibilité de sanctionner des caricatures critiques à l’égard du gouvernement et de sa politique. Le caricaturiste Javier Menchaca, qui travaille pour le journal en ligne Opinión estime que ce décret pénalise et met en danger la liberté d’expression et le droit à l’information. En date du 14 mai, le CPJ prenait acte de modifications apportées au texte initial à la suite de ses objections mais en appelait à une révision d’ensemble afin de s’assurer que le texte ne limite pas la liberté de la presse.

Dans un communiqué du 14 mai, l’ONG Freedom House se joignait à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) pour dénoncer le « risque clair et imminent » que ce décret fait peser sur la liberté d’expression en Bolivie.

La signature de ce décret intervient dans un contexte déjà pesant pour la liberté d’expression et de la presse en Bolivie. En effet, le 2 décembre 2019, le célèbre caricaturiste Al-Azar avait été contraint de quitter la rédaction du journal La Razón suite aux nombreuses menaces et insultes qu’il avait reçues durant plusieurs jours sur les réseaux sociaux. La CIDH avait alors demandé à l’État d’enquêter sur ces attaques contraires à la liberté d’expression.

Plus récemment, le dessinateur Abel Bellido Córdoba (Abecor) a reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux. On lui a notamment reproché ses caricatures sur de récentes controverses politiques et sur des opérations anti-drogue dans une région qui produit une grande partie de la cocaïne du pays. Le dessinateur s’est dit inquiet de l’inaction du gouvernement.

Comme les organisations susnommées, Cartooning for Peace s’inquiète des menaces qui pèsent sur la liberté d’expression en Bolivie et particulièrement sur les dessinateurs et dessinatrices de presse. L’association demande le plein respect de ce principe fondamental inscrit à l’article 19 de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

 

Télécharger le Communiqué de Presse de Cartooning for Peace :

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