« La disparition de Kofi Annan, Président d’honneur de Cartooning for Peace, suscite une profonde douleur et représente une grande perte pour la liberté d’expression. Après une carrière diplomatique hors norme, l’ex-secrétaire général des Nations Unies, également Prix Nobel de la Paix, avait tenu à réunir à l’ONU en 2006 les dessinateurs de presse du monde entier, de toutes cultures et de toutes religions : il avait eu avant tout le monde la prémonition qu’il fallait absolument construire des ponts entre les dessinateurs de presse et les différentes cultures de la planète. Nous étions au lendemain des fatwas lancées contre les dessinateurs danois qui avaient réalisé les fameuses « caricatures de Mahomet ». Les générations à venir se rendront compte à quel point la disparition de Kofi Annan est une perte irréparable pour la liberté et la culture. Au-delà de sa dimension politique, Kofi était un homme de cœur, doué d’un charisme et d’une bienveillance incroyables. Il a toujours été disponible pour défendre la cause des journalistes et des dessinateurs menacés sur la planète. Nous perdons un grand homme et nous le pleurons sincèrement. Une pensée toute particulière pour ses enfants et son épouse Nane qui lui demandait, depuis longtemps et non sans humour, de devenir jardinier car elle voyait qu’il dépensait énormément d’énergie pour les différentes causes qui le passionnaient. »
Plantu, président de Cartooning for Peace
« Je peux l’appeler mon ami, car c’est lui qui m’a donné son amitié. J’ai fait sa connaissance il y a une dizaine d’années, lorsque, avec Plantu, nous avons créé notre fondation Cartooning for Peace, lorsqu’il était encore secrétaire général des Nations Unies. Il a accepté d’en devenir le président d’honneur. Malgré notre différence d’âge et les milieux que nous fréquentions, lui, le chanteur de U2 Bono ou l’acteur Morgan Freeman, avec lequel on le confondait souvent, ce qui le faisait beaucoup rire, Kofi Annan m’a fait l’honneur de son amitié. Cela m’a toujours frappé chez lui. Il était profondément amical, d’une totale authenticité. Les grands hommes se mesurent à leurs petits gestes. Outre ses fonctions diplomatiques, Kofi Annan, avec sa femme Nane, était un ami des arts, un passionné du dessin de presse et de la liberté d’expression. Récemment encore, il est personnellement intervenu auprès du président turc Erdogan pour intercéder en faveur du lauréat 2018 du prix de notre fondation, le dessinateur Musa Kart, condamné à trois ans et demi. Il se préoccupait des autres ; ne les oubliait jamais ».
Chappatte, vice-président de la Fondation suisse Cartooning for Peace
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