Cartooning for Peace / Triste séparation pour Steve Bell et The Guardian

Triste séparation pour Steve Bell et The Guardian

Alerte terminée

27 octobre 2023

 

Le dessinateur Steve Bell et le quotidien britannique The Guardian se sont séparés après 40 ans de collaboration. Le journal ne renouvellera pas le contrat du cartoonist en avril prochain et n’acceptera plus de caricatures de sa part jusqu’à cette échéance.

 

Cette nouvelle, qui a fait l’objet de messages et interview du dessinateur mais d’aucun commentaire de la part du journal, et qui survient dans un contexte géopolitique tendu, a suscité de nombreuses réactions et analyses, du Royaume-Uni jusqu’en Israël , en passant par l’Afrique.

 

En effet, alors que le journal ne s’est pas exprimé publiquement sur les raisons de sa décision, de nombreux observateurs ont interprété les causes du licenciement à l’aune de publications Twitter/X  du dessinateur : Steve Bell y faisait état du refus de l’un de ses dessins par le journal en date du 9 octobre 2023.

 

Le dessin avait été réalisé après les attaques du Hamas contre Israël, au moment où Benjamin Netanyahou annonçait les représailles israéliennes sur Gaza. Il représente le premier ministre israélien s’apprêtant à se découper lui-même l’abdomen, à l’endroit où il porte une marque en forme de Gaza (en référence à une caricature de David Levine de 1966 représentant le président américain Lyndon B. Johnson portant une cicatrice évoquant le territoire du Vietnam). Dans les messages, le dessinateur indique qu’après avoir soumis la caricature, il a reçu un « message étrangement cryptique » lors d’un appel téléphonique avec un membre de l’équipe du Guardian, faisant référence à une « livre de chair ». Tirée du Marchand de Venise de Shakespeare, la référence est aujourd’hui largement considérée comme antisémite. Une interprétation du dessin rejetée par le dessinateur.

 

Cartooning for Peace se désole de voir la carrière d’un dessinateur de l’envergure de Steve Bell altérée de la sorte. Les raisons qui poussent un journal à refuser un dessin ou à mettre fin au contrat du dessinateur, et l’éventuelle contestation de l’artiste relèvent de la liberté des deux parties. Mais force est de constater que cet épisode n’est pas un cas isolé et qu’il rappelle la pression constante et souvent démesurée à laquelle font face les médias et les dessinateurs qui publient des dessins de presse à l’ère numérique. Cette pression conduit inévitablement à des jugements hâtifs, tant au sein des rédactions que dans le traitement qui en est fait en ligne.

Partagez sur :

En images