20 décembre 2024
La détention provisoire du dessinateur de presse égyptien Ashraf Omar a été prolongée de 45 jours le 10 décembre dernier.
Arrêté le 22 juillet 2024 puis détenu au secret avant d’être transféré en prison, il a vu sa détention renouvelée par période de 15 jours par visioconférence jusqu’à atteindre la limite autorisée de 150 jours de détention. Cette limite étant dépassée, les prolongations de sa détention sont désormais décidées par période de 45 jours. Celle-ci pourrait atteindre jusqu’à 18 mois à compter de la date de son arrestation.
Cartooning for peace s’alarme de la prolongation de sa détention provisoire et de l’absence de garantie de ses droits dans le cadre d’un procès équitable.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
30 octobre 2024
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Gianluca Costantini (Italie)
Le Caire, 30 octobre : Le militant, dessinateur de presse et traducteur égyptien Ashraf Omar passe son centième jour en détention provisoire, suite à la septième prolongation consécutive de sa période de détention depuis qu’il a été arrêté pour la première fois à son domicile le 22 juillet. Dans les heures qui ont suivi son arrestation, on ne savait pas où il se trouvait jusqu’à ce qu’il comparaisse deux jours plus tard devant le parquet suprême de la sûreté de l’État.
Collaborateur de la plateforme d’information indépendante Al-Manassa, M. Omar est accusé d’avoir « rejoint un groupe terroriste tout en étant conscient de ses objectifs, d’avoir diffusé et publié des rumeurs et de fausses nouvelles et informations, et d’avoir abusé des réseaux sociaux », sans qu’aucune preuve n’ait été présentée. Au cours d’un interrogatoire de six heures mené par le parquet suprême de la sûreté de l’État, il lui a été demandé si ses dessins avaient pour but d’inciter le public à la violence. Dans les jours précédant son arrestation, les dessins de M. Omar avaient porté sur la crise de la dette et les pannes d’électricité en Égypte.
Il est également allégué que la police a battu M. Omar au moment de son arrestation et l’a menacé d’électrocution. Les contacts avec ses amis et sa famille ont été limités, une brève visite d’une demi-heure de son épouse étant autorisée une fois par mois. Il est détenu dans le sixième établissement de la prison du 10ème jour du Ramadan. Sa période de détention provisoire a été prolongée tous les quinze jours par vidéoconférence, en son absence et sans consultation entre l’avocat de la défense et son client.
Selon Human Rights Watch, ces audiences ont été introduites par décret et en réponse à la pandémie de COVID-19, mais leur utilisation continue « exacerbe les pratiques abusives de longue date en matière de détention provisoire et les violations flagrantes des droits de la défense, et contribue effectivement à dissimuler les conditions de détention abusives ».
Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de DAWN (l’ONG créée par le regretté Jamal Khashoggi) a déclaré : « La poursuite de l’emprisonnement d’Ashraf Omar en Égypte, simplement parce qu’un fonctionnaire du régime à la peau fine a été offensé par ses caricatures sur les conditions économiques misérables du pays, dit tout ce qu’il faut savoir sur la liberté d’expression en Égypte. Les autorités égyptiennes ont recours à leurs sales combines, comme le renouvellement sans fin de sa détention provisoire, pour faire taire les artistes et les écrivains du pays ».
Ashraf Omar n’est pas différent de n’importe quel autre dessinateur de presse, exerçant son droit humain fondamental à la liberté d’expression et, en tant que membre de la presse, critiquant le gouvernement sous une forme qui est intrinsèquement non violente et tout à fait légitime. Dans leur réponse à cette critique, les autorités égyptiennes dépassent leurs limites lorsqu’elles portent atteinte à la personne de M. Omar et négligent leur obligation de protéger ses droits fondamentaux.
En assimilant le travail d’Ashraf Omar à du terrorisme, en le maltraitant physiquement et en ignorant les procédures régulières dans le but de le réduire au silence, le parquet suprême de la sûreté de l’État égyptien envoie un message effrayant à tous les caricaturistes du pays et, en réalité, à tous ceux qui critiquent ouvertement l’État.
Les organisations soussignées demandent qu’il soit mis fin à la détention prolongée et inutilement cruelle d’Ashraf Omar, que les accusations criminelles sans fondement portées contre lui soient abandonnées, qu’il soit immédiatement libéré et qu’il retrouve sa famille et ses amis en toute sécurité.
9 septembre 2024
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Des organisations de défense des droits condamnent la vague d’arrestations de journalistes égyptiens, demandent leur libération immédiate et que les responsables rendent des comptes
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), ainsi que 33 organisations de défense des droits et de la liberté de la presse, condamnent les récentes arrestations et disparitions forcées de quatre journalistes égyptiens – Ashraf Omar, Khaled Mamdouh, Ramadan Gouida et Yasser Abu Al-Ela – et demandent leur libération immédiate.
Les soussignés demandent également aux autorités égyptiennes d’abandonner toutes les charges retenues contre les journalistes, de cesser de les prendre pour cible en raison de leur travail, de mettre fin à la pratique consistant à dissimuler le statut ou le lieu de détention des personnes détenues, d’enquêter rapidement et de manière transparente sur les allégations selon lesquelles au moins deux des journalistes ont été torturés ou traités de manière inhumaine, et de faire en sorte que les responsables rendent compte de leurs actes.
La liste des journalistes arrêtés et des violations commises à leur encontre est la suivante :
L’arrestation des quatre journalistes a déclenché une vague de peur et de traumatisme parmi les journalistes égyptiens que CPJ a interrogés, en particulier ceux qui avaient été détenus auparavant ou qui avaient travaillé avec Arabic Post, où Mamdouh était employé. Le 21 août, le journaliste Moataz Wadnan, arrêté en février 2018 alors qu’il travaillait comme reporter pour Arabic Post – connu sous le nom de HuffPost Arabi au moment de son arrestation – et libéré en juillet 2021, a écrit sur son compte Facebook qu’il avait quitté l’Égypte « à la recherche de sécurité et de stabilité, craignant une répétition de la détention ». Depuis son départ le mois dernier, les forces de sécurité égyptiennes ont perquisitionné son domicile à deux reprises, à sa recherche.
Outre ces quatre journalistes, les autorités détiennent également 11 autres journalistes, dont beaucoup sont détenus depuis plus longtemps que la limite légale de deux ans pour la détention provisoire. En outre, les autorités utilisent diverses tactiques pour restreindre la liberté de la presse dans le pays, notamment en interdisant les sites Internet des médias indépendants, en recourant à la loi pour harceler légalement les journalistes et les médias, et en ciblant les journalistes égyptiens en exil et les membres de leur famille en Égypte.
Les signataires de la présente déclaration demandent à l’Égypte de respecter sa constitution, qui garantit la liberté de la presse et interdit les sanctions privatives de liberté à l’encontre des éditeurs. Outre la libération de tous les journalistes emprisonnés et l’abandon des fausses accusations, le gouvernement doit cesser de bloquer les sites d’information et s’abstenir de s’en prendre aux journalistes égyptiens et aux membres de leur famille dans le pays et à l’étranger.
Cette nouvelle vague d’arrestations met en lumière le bilan honteux des autorités égyptiennes en matière de ciblage des journalistes et des médias indépendants, ce qui explique pourquoi l’Égypte est restée parmi les dix premiers pays à emprisonner des journalistes dans le monde au cours des dernières années, selon les données de CPJ. Ces arrestations montrent également que les disparitions forcées et la torture sont devenues des pratiques courantes des forces de sécurité égyptiennes à l’encontre des journalistes et d’autres personnes. Le gouvernement égyptien doit prendre les mesures décrites ci-dessus pour mettre fin à cette récente résurgence de la répression contre les journalistes et leurs familles et s’engager à garantir une presse libre et dynamique dans tout le pays.
Signataires :
1-ARTICLE 19
2-Artists at Risk Connection (ARC)
3-Association of Canadian Cartoonists
4-Australian Cartoonists Association
5-Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
6-Cartoon Movement
7-Cartooning for Peace
8-Cartoonists Rights Network International
9-Committee for Justice
10-Committee to Protect Journalists
11-Egyptian Commission for Rights and Freedoms
12-Egyptian Front for Human Rights
13-Egyptian Human Rights Forum (EHRF)
14-Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR)
15-Egyptian Observatory for Journalism and Media (EOJM)
16-EuroMed Rights
17-European Cartoon Award
18-Forum for Humor and the Law
19-Freedom Cartoonists Foundation
20-Freemuse
21-Gulf Centre for Human Rights (GCHR)
22-HuMENA for Human Rights and Civic Engagement
23-Human Rights First
24-IFEX
25-Index on Censorship
26-Khartoon Magazine (khartoonmag.com)
27-Law and democracy support foundation
28-Middle East Democracy Center
29-Professional Cartoonists’ Organisation (PCO)
30-Robert F. Kennedy Human Rights
31-Samir Kassir Foundation
32-The Tahrir Institute for Middle East Policy (TIMEP)
33-Toons Mag
34-World War 3 Illustrated
9 août 2024
Le dessinateur de presse égyptien Ashraf Omar torturé en détention
Selon la femme du dessinateur, Nada Mugheeth, et l’avocat Khaled Ali, Ashraf Omar aurait été victime d’abus physiques et de torture durant sa détention.
Alors que les documents officiels datent son arrestation au mercredi 24 juillet, le dessinateur avait été enlevé de son domicile dans la banlieue de la province de Gizeh dans la nuit du lundi 22 juillet, avant de réapparaître devant le parquet de sûreté de l’État le mercredi 24 juillet dans la soirée, soit près de 60 heures plus tard. C’est durant cette disparition forcée qu’il aurait été victime de violences et de torture par chocs électriques.
L’avocat des droits de l’Homme – Nasser Amin – et le directeur de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés – Mohamed Lotfy – ont interpelé le procureur général – Mohamed Shawky – afin d’ouvrir une enquête transparente sur ces allégations de torture, et de présenter Ashraf Omar à un examen médico-légal.
Accusé d’avoir rejoint un groupe terroriste, d’avoir publié et diffusé des fausses nouvelles et d’avoir utilisé les réseaux sociaux de manière inappropriée, Ashraf Omar avait été placé en détention provisoire jusqu’au 5 août. Après une audition qui s’est tenue en visioconférence le 4 août, sa période de détention provisoire a été prolongée de 15 jours. La période de détention provisoire d’Ashraf Omar a été prolongée de nouveau, pour la neuvième fois consécutive.
Cartooning for Peace, très inquiète de ces déclarations, demande aux autorités égyptiennes d’assurer la sécurité de Ashraf Omar et réclame sa libération.
Cet article a été mis à jour le 25 novembre 2024, suite au énième prolongement de la détention provisoire d’Ashraf Omar.
31 juillet 2024
Des organisations de dessinateurs de presse et de défense de la liberté d’expression demandent la libération d’Ashraf Omar, accusé à tort de désinformation et d’activité terroriste.
Dans la nuit du 22 juillet, le dessinateur et activiste Ashraf Omar a été enlevé de son domicile au Caire par des forces de sécurité en civil. Selon Al-Manassa, média indépendant qui publie les dessins d’Ashraf Omar, les autorités locales ont nié toute implication dans la disparition du dessinateur en réponse aux demandes initiales de son avocat et des membres de sa famille. La disparition forcée d’Ashraf Omar a duré plus de 48 heures.
Les autorités égyptiennes ont alors inculpé Ashraf Omar pour « avoir rejoint un groupe terroriste tout en étant conscient de ses fins, avoir diffusé et publié des rumeurs, des fausses nouvelles et informations, et pour utilisation abusive des réseaux sociaux ». Par l’intermédiaire de son avocat, le dessinateur nie ces fausses allégations.
Selon les déclarations d’Al-Manassa, aucune preuve n’a été présentée au cours d’un « interrogatoire de six heures » par le parquet suprême de la sûreté de l’État – au cours duquel aucun avocat n’était présent. Au lieu de cela, il a été demandé à Ashraf Omar « si ses caricatures avaient pour but d’inciter le public ». Le dessinateur a été placé en détention provisoire jusqu’au 5 août, mais cette période peut être prolongée à tout moment.
Cartoonists Rights, Cartooning for Peace et Artists at Risk Connection (ARC) sont conscients que cet évènement a eu pour effet d’intimider, laissant d’autres dessinateurs en Égypte inquiets pour leur propre sécurité et incapables d’exprimer librement leur solidarité avec Ashraf Omar et leur indignation face à l’arrestation et à la détention de leur collègue.
Le Syndicat des journalistes égyptiens a déclaré le 29 juillet journée de solidarité avec Ashraf Omar.
Nous rejetons les accusations portées contre Ashraf Omar, un dessinateur engagé qui est pris pour cible pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression en critiquant le gouvernement égyptien. Nous demandons sa libération immédiate et nous exprimons notre inquiétude et notre solidarité avec toutes les personnes touchées par cet incident.
23 juillet 2024
Enlèvement du dessinateur de presse égyptien Ashraf Omar
Nous apprenons par voie de presse que le dessinateur de presse égyptien Ashraf Omar a été emmené par des hommes en civil qui l’ont interpellé à son domicile au Caire dans la nuit du lundi 22 juillet.
C’est son épouse qui a donné l’alerte, relayée par le média Al-Manassa, pour le compte duquel Ashraf Omar travaille. Tandis que sa localisation demeure inconnue, son employeur s’est adressé au syndicat de la presse afin de « savoir où il se trouve, assurer sa sécurité, le représenter légalement et empêcher les autorités d’opprimer les journalistes et d’agir en dehors du cadre de la loi ». Le média Al-Manassa indique que l’avocate Mahienour El-Massry s’est rendue au département de police, mais que celui-ci a nié la présence ou la détention du dessinateur de presse.
Cartooning for Peace et Cartoonists Rights demandent à ce que la sécurité du dessinateur de presse Ashraf Omar soit garantie et se joignent à Reporters Sans Frontières (RSF) pour appeler à ce que toute la lumière soit faite sur ce que l’épouse d’Ashraf Omar qualifie d’enlèvement, en l’absence de toute information de la part des autorités.
Ces faits surviennent dans un pays qui est l’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes selon RSF, qui souligne que « censure, perquisitions, fermetures de bureaux, arrestations, faux procès, disparitions forcées ou encore détentions arbitraires sont le quotidien des journalistes » en Égypte.