13 mai 2025
À l’occasion de la visite de Donald Trump en Arabie saoudite, des organisations appellent le royaume à mettre fin à la répression contre les journalistes
Alors que l’attention mondiale se tourne vers la première visite internationale du président américain Donald Trump en Arabie saoudite le 13 mai, de nombreux journalistes à l’intérieur du royaume ne pourront pas couvrir l’événement car ils sont derrière les barreaux, interdits d’écrire, ou réduits au silence par la peur de la censure.
Nous, les organisations soussignées, demandons aux autorités saoudiennes de libérer tous les journalistes et écrivains détenus, de lever les interdictions de voyager arbitraires, de mettre fin aux attaques juridiques et numériques, et de faire respecter la liberté de la presse.
Plus de sept ans après l’assassinat horrible du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat turc du royaume le 2 octobre 2018 – une opération dont les services de renseignement américains ont conclu qu’elle avait été approuvée par le prince héritier Mohammed bin Salman (MBS) – il n’y a pas eu de véritable obligation de rendre des comptes pour ce meurtre. Cela n’a fait qu’enhardir les autorités saoudiennes à intensifier leur répression des journalistes, des caricaturistes et des écrivains indépendants et critiques, et à enraciner un climat de peur.
L’Arabie saoudite est l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes, avec au moins 10 personnes derrière les barreaux au 1er décembre 2024, ce qui en fait le 10e pire geôlier au monde selon le dernier recensement annuel des prisons du CPJ. Selon le classement mondial de la liberté de la presse 2025 de Reporters sans frontières (RSF), l’Arabie saoudite occupe la 162e place sur 180 pays et territoires.
L’une d’entre les nombreuses personnes derrière les barreaux est Mohammed Al Ghamdi, un caricaturiste saoudien qui dessinait sous le nom de plume d’Al Hazza pour le journal Lusail, basé au Qatar. À une date non divulguée en 2024, Mohammed Al Ghamdi a été condamné à 23 ans de prison pour ses caricatures, accusées d’être favorables au Qatar et d’insulter le gouvernement saoudien. Arrêté en février 2018, Al Ghamdi a été initialement condamné à six ans de prison et à une interdiction de voyager. Au lieu d’être libéré après avoir purgé sa peine en 2024, les autorités l’ont prolongée de 16 ans, sans possibilité d’appel, malgré la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et le Qatar.
Nous appelons les autorités saoudiennes à :
Signataires :
16 octobre 2024
Le dessinateur saoudien Mohamed Al Ghamdi (« Al Hazza »), condamné à 23 ans de prison
Alors qu’il s’apprêtait à être libéré après avoir purgé une peine de 6 ans de prison en raison de ses dessins, Mohamed Al Ghamdi, alias Al Hazza, vient d’être condamné à 23 ans de prison à la suite de la réouverture de son procès en décembre 2023, sans possibilité d’appel.
Le dessinateur avait été interpellé en février 2018 par les autorités saoudiennes, qui l’accusaient d’avoir réalisé des « dessins offensifs » pour le compte du média Qatari Lusail et d’avoir publié des messages « hostiles » au régime saoudien et « favorables » au Qatar sur les réseaux sociaux. Ces poursuites sont intervenues à une époque où l’Arabie Saoudite avait coupé tout lien avec le Qatar, liens rétablis depuis, en 2021. Mohamed Al Ghamdi, qui a toujours contesté les accusations portées à son encontre et dénoncé la fabrication de fausses accusations, a été condamné à 6 ans de détention par une Cour criminelle spécialisée mise en place pour traiter d’affaires en lien avec le terrorisme.
Sanad, une organisation de défense des droits humains en Arabie Saoudite basée à Londres, dénonce sa nouvelle condamnation à 23 ans de prison et indique que Mohamed Al Ghamdi, détenu à la prison centrale de Dhaban à Djeddah, avait déjà été victime de disparition forcée durant plusieurs mois, et qu’il subit par ailleurs des maltraitances en détention et un défaut d’accès aux soins en dépit de problèmes importants de santé.
L’organisation souligne que son cas « illustre un climat troublant où personne n’est vraiment en sécurité ; il est devenu une cible simplement parce qu’il est un artiste, rien d’autre. » Elle appelle à « la nécessité urgente d’une action internationale pour protéger la liberté artistique et les droits humains en Arabie Saoudite ».
Cartooning for Peace exprime son soutien à l’action urgente initiée par l’organisation Sanad et sa solidarité avec le dessinateur et ses proches, qui demandent sa libération immédiate et inconditionnelle.
À l’heure où le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman – accusé d’être à l’origine du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 – est convié à Bruxelles pour participer à un premier sommet entre les dirigeants de l’Union européenne et des pays arabes du Golfe qui se tient aujourd’hui, et auquel participent notamment le Président français Emmanuel Macron ainsi que la Présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, Cartooning for Peace appelle à ce que cette condamnation ne soit pas passée sous silence dans les discussions engagées.
Classée 166/180 au baromètre mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF), l’Arabie Saoudite est un pays dans lequel il n’existe pas de médias libres. Les journalistes saoudiens sont placés sous étroite surveillance, même à l’étranger. RSF rapporte que « depuis 2017, le nombre de journalistes et de blogueurs derrière les barreaux a plus que triplé » et que la plupart sont emprisonnés de manière arbitraire. En 2024, le pays compte 24 journalistes en détention.
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