Suite à la publication dans le journal turc Cumhuriyet le 1er février 2014 d’un de ses dessins (voir ci-contre), le dessinateur Musa Kart a été placé en examen et risque 9 ans de prison suite à une plainte pour insulte déposée par le Président Erdogan. Celui-ci s’appuie sur un article très controversé du code pénal qui caractérise l’insulte au chef de l’État. Si l’utilisation de ce moyen juridique n’est pas nouvelle, elle est devenue presque systématique sous sa présidence. Ce sont en effet 236 demandes de poursuites qui ont été engagées par le Président depuis son élection en août 2014.
Le dessin visé représente deux voleurs dérobant de l’argent d’un coffre-fort. L’un d’eux s’adresse à l’autre : « Ne te presse pas, notre guetteur est un hologramme« . Le guetteur en question est l’actuel Président et ancien Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan (qui était apparu sous forme d’un immense hologramme lors d’un meeting). Le dessin fait référence à un scandale de blanchiment d’argent rendu public en décembre 2013 mettant en cause de nombreuses personnes proches du pouvoir (fils de Ministres, hommes d’affaires pro-Erdogan) sur lequel le Président est soupçonné d’avoir fermé les yeux.
Musa Kart avait déjà réalisé un dessin représentant Erdogan en chat en 2005, emmêlé dans des ficelles représentant les nombreuses difficultés qu’il rencontrait dans son action politique (en l’occurrence l’opposition des écoles religieuses à la modification de leur statut).
De nombreux dessins de soutien à Musa Kart ont été réalisés pas les dessinateurs du monde entier (voir ci-dessous).
En octobre 2014, le célèbre dessinateur du Cumhuriyet est finalement acquitté. Il se dit cependant aujourd’hui peu optimiste quant au futur de la liberté d’expression en Turquie mais dit vouloir continuer à dessiner.
